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Chapitre I : Juste une voleuse
Imaginez-vous un petit village de campagne, dedans, une petite maison coincée entre deux autres parfaitement similaires. Oui, une petite bourgade sans problème, tel est l’endroit où j’ai élu domicile. Nous sommes ici sur Asmodée, je ne pense pas devoir vous faire un cours là-dessus mais il s’agit de la partie supérieure de la planète qu’on nommait autrefois Astréia, elle est désormais habitée par les Asmodiens mais, cette histoire date d’il y a un certain temps déjà… Enfin, nous nous trouvons plus précisément dans un petit village à l’Ouest d’Asmodée. Et c’est de la fenêtre d’une maison de ce fameux village que j’observe le ciel et compte les nuages. C’était le matin, et moi, le matin, je regarde le ciel : pourquoi ? Disons que c’est parce que c’est justement le matin et que, je ne trouve jamais la force de marcher plus loin que jusqu’à ma fenêtre à mon réveil.
C’est donc après dix bonnes minutes que je me décollai du rebord pour ensuite me diriger vers le couloir qui mène à ma chambre. Celui-ci menait à un long escalier qui donnait sur mon petit salon. J’entrepris donc de descendre mais, je fus stoppé par une légère caresse au niveau de la cheville. Je tournai ma tête de sorte à voir ce qui se trouvait là et trouvai mon familier, Kyû, un petit renard blanc à deux queues. Celui-ci se hâta de rejoindre mon épaule pour ensuite m’adresser un ronronnement affectueux auquel je répondis par un léger sourire. J’arrivai finalement au rez-de-chaussée où se trouvait mon salon et ma cuisine. Je ne pris pas le temps de me faire à manger et m’affalai sur mon canapé, ce qui d’ailleurs fit tomber le petit animal.
Je devais aller travailler mais, comme il me restait un peu de temps, j’en ai profité pour rêvasser un peu. Et, au lieu de vous faire connaître mes pensées à ce moment-là, je préférerais me présenter correctement.
N’ayant pas de famille avec qui habiter ni même à qui emprunter un nom de famille, on m’appelle simplement Saki. De très longs cheveux bruns, des yeux couleur champagne, un petit mètre soixante-quinze, voilà de quoi décrire la jeune mage que je suis. Je viens seulement d’avoir mes dix-sept ans mais je travaille déjà, non pas parce que j’ai besoin d’argent mais, parce que je suis assez avare et qu’il faut bien ça pour survivre ici. Mon familier n’est plus à présenter : c’est un élémentaire tirant sa force du feu. Il est d’ailleurs capable d’adapter sa taille pour servir au mieux son maître et sait en quelque sorte planer, ce qui peut se révéler utile pour les longs voyages. Je l’ai sans doute évoqué auparavant mais, je suis une asmodienne, ce qui explique le fait que je n’apprécie pas les Eliséens… Enfin, on peut dire que je suis énergique, abordable et plutôt serviable du moins, quand ça m’arrange et tant que j’ai passé une bonne nuit.
Fin des rêveries, il était déjà dix heures et j’étais encore dans mon canapé. Je me dirigeai donc vers la porte d’entrée et, c’est accompagnée de mon fidèle Kyû que je la franchis.
A peine étais-je sorti que je fus interpellée par les villageois. Tous me faisaient remarquer sur le ton de la rigolade que j’étais encore en retard et que mon patron allait me sermonner. Tous ces sourires, ces rires… En y repensant, cette situation était aberrante : ce village avait récemment été attaqué par un groupe de voleur qui avait décidé d’y installer son campement, mais pour les villageois, la vie poursuivait son cours.
Seulement, et pour information, j'appartenais de ce groupe de voleurs... Ils avaient détroussé beaucoup de personnes mais, en échange d’un logement et de nourriture, les brigands avaient promis de n’agir qu’en dehors du village et de ne blesser personne. Étant reconnu comme l’un des meilleurs éléments du groupe, j’avais sans surprise gagner en notoriété et imposais un certain respect, bien que toutes ces manières m’agaçaient plus qu’autre chose. Mais après tout et, bien que le travail ne soit pas des plus honnêtes, je gagnais ma vie comme je le pouvais : les temps comme les œufs sont durs…
C’est après quelques minutes de marche que je croisai ce fameux ‘chef’ ; Ulgorn le chef des pilleurs. Je ne l'avais pas remarqué au début mais, lorsque je fus en face de lui, il me parut un peu anxieux.
Je lui demandai s’il allait bien mais, il s’obstina à répondre qu’il n’y avait aucun problème et que je devrai plutôt aller détrousser quelques monstres au lieu de me préoccuper de lui. Mais, l’expression inquiète qu’il affichait depuis mon arrivée laissait présager le contraire. Je m’éloignai donc de lui pour me diriger vers la sortie du village, où je comptais aller chasser un peu mais, je fus interrompu par l’un de mes collègues, celui-ci m’assurant que c’était important.
« Kôga, qu’y a-t-il d’assez important pour que tu me gênes maintenant ? Le questionnais-je, une pointe d’impatience se lisant clairement dans ma voix.
-Aller, ne sois pas comme ça Saki. J'aimerai juste savoir si tu as parlé à Ulgorn ce matin, me demandait-il à son tour.
-Oui j’en reviens mais, il n’avait pas vraiment l’air d’aller bien. Lui fis-je remarquer avant de reprendre. Il s’est passé quelque chose ?
Il acquiesça avant de me répondre sur un ton des plus sérieux
-Oui, il semblerait que sa fille ait disparu tôt dans la matinée mais, même en ayant envoyé plusieurs gardes, elle n’a pas été retrouvé…
-Sa fille ? Tu parles de Nara ? Pourquoi est-elle partie du campement ?
- Tu connais Nara, elle rêve de devenir bandit comme son père mais, le patron refuse qu’elle nous rejoigne et qu’elle suive ses traces… Ce matin, la gamine a affirmé aux gars réveillés qu’elle comptait aller elle aussi dans la forêt pour effectuer son premier larcin. Ils lui ont ri au nez en lui conseillant d’attendre encore un peu mais elle s’est énervée et s’est mise à crier qu’elle irait voler le trésor de la forêt, une boule aux merveilles.
-Une boule aux merveilles ? M’indignais-je. Mais où est-ce qu’elle a entendu parler d’une chose pareille ?
-Des gardes revenant de mission en parlait je suppose…. »Me répondit-il finalement.
Je le fixais quelques secondes avant de prendre une profonde inspiration et de lui hurler qu’il devrait apprendre aux nouveaux voleurs à tenir leur langue et à ne pas dire n’importe quoi. C’était bien ma chance ça, je me retrouvais avec une disparition sur le dos.
J'ai porté un dernier regard à Kôga avant de lui tourner le dos et de prendre la direction de la forêt, une idée bien précise de ce qu’était cette fameuse ‘boule’.
Peu après notre arrivée dans le village, j’avais souvent entendu cette rumeur qui disait qu’une sorcière vivait recluse dans la forêt de muwéléléw et que, dans sa petite cabane, elle cachait une énorme boule de cristal lui permettant de lire l’avenir.
Et c’est d’un pas ferme et assuré que je me dirigeais vers la cabane de cette fameuse sorcière nommée Varsovie.
Cependant, en chemin, j'ai croisé un homme : il portait une longue cape noire et une capuche lui recouvrant la moitié du visage ; c’est à ses vêtements que je devinais qu’il ne faisait ni parti des villageois ni des voleurs. Je n’avais aucune idée de pourquoi mais, lorsque je suis passée devant lui, j'ai senti comme un malaise. L’atmosphère qui jusque-là était paisible me semblait pesante voir oppressante…J’accélérai donc le pas et évitai de croiser son regard mais, lorsque je l’eus devancé, je sentis comme un regard posé sur moi, je n’y fis d’abord pas attention mais, quand une voix m’interpella, je ne pus que me retourner et regarder d’où elle venait.
C’était bien ce que je craignais, cette voix venait de cet homme. Mais alors que je n’eus que le temps de me retourner, lui s’était déjà rapproché et se tenait face à moi, les mains jointent dans le dos et un sourire espiègle collé au visage. Je ne l’avais pas remarqué au début mais, il était vraiment grand.
« Jeune demoiselle, où allez-vous de si bon matin ?
-En quoi cela vous concerne-t-il ? Lui demandais-je d’un ton méfiant.
L’homme entreprit alors un saut sur lui-même et n’estima bon de me répondre qu’une fois dos à moi :
-Non, en effet. Je me demandais juste pour quelles raisons une personne telle que vous se dirigeait vers la cabane de cette chère Varsovie…
A cette remarque, mes sourcils se froncèrent d’eux même et, je questionnais l’étrange personnage. Il voulait quelque chose ou savait quelque chose et, le fait qu’il me le cache comme s’il s’agissait d’un jeu m’agaçais.
-Que me veux-tu ?
L’individu se retourna de nouveau et m’adressa un nouveau sourire. Il pointa ensuite le grimoire que je tenais dans ma main. Depuis toujours, les grimoires sont comme des artefacts magiques que seuls les mages utilisent. Ils sont d’un niveau assez faibles mais, malgré tout, le mien m’avait toujours suffis.
-A l’arme que vous tenez, je devine que vous êtes une mage n’est-ce-pas ?
- Et si c’était le cas, que ferais-tu ?
Le sourire de l’homme s’allongea progressivement, jusqu’à ce qu’enfin, il sorte de l’une de ses poches un gant. Pas une paire de gants non, juste un seul. Il était en dentelle et d’un blanc immaculé, le seul détail qui m’intriguait, était cette orbe rouge sang qui ornait le dos de la broderie.
J'ai fixé l’objet d’un regard perplexe jusqu’à ce que je me rende compte que l’homme me le tendait.
-Prenez le, vous en aurez sans doute besoin à l’avenir…. »
De l’incompréhension, c’est tout ce que je ressentais à ce moment. Mais, après tout, un présent est un présent et, celui-ci avait l’air assez précieux pour que je le revende….Je tendis donc ma main pour le saisir. Lorsque je l’eus attrapé, je remarquai que la main de l’homme s’était déjà éloignée. Je relevai donc la tête pour remercier l’étranger mais, mon regard ne croisa pas le sien : l’homme avait disparu.
J'ai balayé la forêt d’un regard stupéfait mais ne vis personne, il semblait s’être évaporé…
-Soit, il sait courir très vite pour un étranger… Soit ce clown connaît des sorts de téléportation…C’est mauvais ça….- Songeais-je tout en fixant le gant que je tenais à présent dans ma main.
Au bout de quelques minutes, j’ai estimé qu’il était temps pour moi de repartir à la recherche de la cabane, je n’avais pas le temps de penser à où cet étranger avait bien pu atterrir. Et c’est tout en continuant mon chemin que je mis le gant à ma main, en attendant de lui trouver un nouvel emplacement.
J’arrivai finalement chez cette sorcière, concentrée sur ma mission de ‘secours’. Varsovie était à l’extérieur de sa cabane et s’occupait d’étranges crapauds qu’elle avait, d’après les rumeurs appelés des guamouilles. Lorsqu’elle m’aperçut, elle fit un pas en arrière avant de me questionner sur ma présence ici.
« Que viens-tu dont faire ici, Mage ?
- Varsovie, j’ai entendu dire que tu possédais une boule de crist-… Commençais-je d’un ton autoritaire
-Oh, je vois…M’interrompit-elle. Je n’essaierais pas de la voler à ta place, si tu tentes quoi que ce soit, je te changerais en guamouille !
-Oh mais ne t’inquiète pas, je ne suis vraiment pas intéresser par ces babioles. Cependant, il semblerait que contrairement à moi, une fillette soit venue dans le but de te la voler. Je suis sûre que tu sauras me dire où elle est n’est-ce pas ?
-Oh, tu parles de cette petite chipie? Elle est bel et bien venue et, a essayé de me voler mon cristal ! Déclara-t-elle, visiblement agacée de se remémorer cela.
-Alors elle est bien venue, murmurais-je avant de reprendre. Dans ce cas, je te conseille de parler, où est-elle ? La questionnais-je sur le ton de la menace.
-Où est-elle ? Mais juste là très chère….me répondit elle, un sourire malicieux au visage.
Elle avait pointé du doigt un point du jardin rempli de ses hideux crapauds.
-J’ai changé cette petite fouineuse en l’une de mes charmantes guamouilles, libre à toi de la chercher mais, j’ai bien peur que tu doives la ramener sous cette forme.
Si c’était seulement une mission de ‘cherche et trouve’, je n’aurais sans doute pas hésité et aurais ramené à son père n’importe laquelle de ces vermines mais cette fois-ci, nous parlions de Nara, la fille adorée d’Ulgorn, je ne pouvais pas n’en faire qu’à ma tête…
Je m’approchai lentement de la sorcière et la plaqua contre le mur de sa petite chaumière.
-Je vais reformuler ma question puisqu’elle ne semble pas assez claire : laquelle de ces aberrations est Nara et, comment la faire revenir à sa forme initiale ?
Je relâchai l’emprise et laissai Varsovie reprendre son souffle avant de lui lancer un regard lui intimant l’ordre de répondre
-Tu es bien l’une des leurs : vous ne savez parler qu’avec vos poings ! S’indigna-t-elle tout en se massant la gorge pour atténuer la douleur.
-Je ne l’aurais pas fait si tu avais parlé tout de suite…lui répondis-je d’un ton cassant.
Elle poussa un long soupir avant de se prononcer.
-Vas dans la forêt et ramène moi des champignons, j’en aurai besoin pour faire l’antidote dont a besoin cette fille… »
J’acquiesçai et partis sans attendre de la demeure de la vieille femme. Je ne lui faisais pas confiance, c’était un fait mais, j’avais vraiment besoin de ramener l’enfant, même si cela impliquait d’aller cueillir des champignons pour une vieille femme. Néanmoins, mes pensées étaient claires, si elle essayait de me berner, je ne me retiendrais pas et lui ferais regretter de m’avoir fait perdre du temps.
J'ai facilement trouvé les champignons qu’elle m’avait demandé mais, lors de mon trajet, je n'avais pas vu un seul champignon dont l’apparence était normale : difformes, rongés par les insectes ou de toutes les couleurs, aucun ne m’inspirait réellement confiance mais, il m’en fallait absolument…
Je finis par tomber sur quatre petits champignons aux chapeaux colorés et, bien que légèrement abîmés, j’avais décidé de les prendre. Mais lorsque je suis entrée en contact avec leur chapeau, je reçu une légère décharge, pas assez puissante pour me blesser néanmoins. Une fois les quatre ramassés, je suis retournée à la maison de Varsovie. Celle-ci était toujours dehors et, pour je ne sais quelle raison, poussa un léger cri lorsqu’elle me vit.
« Qu’est-ce-qui se passe Varsovie ? J’ai les champignons que tu m’as demandé, tu devrais préparer l’antidote maintenant. »
Malgré ma déclaration, la vieille femme ne bougea pas et continuait de me fixer, les yeux écarquillés. Après quelques secondes, elle reprit ses esprits et s’approcha de moi pour prendre sa ‘commande’ puis repartit en direction de sa maison. Je n’attendis pas d’explications et la suivi à l’intérieur. Elle s’arrêta finalement devant un chaudron rempli d’un liquide vert dans lequel elle jeta brusquement les champignons. Et c’est pendant qu’elle mélangeait l’élixir que je l'ai questionnée
« Dis-moi Varsovie ; ce n’est pas que je tienne vraiment à te faire la conversation mais, pourquoi étais-tu si étonnée de me revoir tout à l’heure ?
La femme garda le silence quelques instants avant de répondre sèchement
-Ces champignons étaient censés te tuer…-
Je fis un pas en arrière : venait-elle sérieusement d’avouer avoir voulu me tuer ? D’un côté, je me disais avoir eu raison en me méfiant d’elle mais d’un autre, comment auraient-ils pu me tuer ?
-J’aurais dû m’en douter, marmonnais-je en soupirant, tu ferais mieux de t’expliquer pendant que je suis encore calme sorcière !
-Tu as bien entendu… Les champignons de cette forêt sont tous dangereux, vénéneux, explosifs et même électriques, c’est pour ça que je t’ai envoyé là-bas…
Elle arrêta soudainement de mélanger sa potion pour se tourner vers moi. Elle m’examina de bas en haut avant de s’arrêter sur ma main droite, celle qui portait le gant que m’avait offert l’homme.
-Ah, j’aurais dû m’en douter….dit-elle après avoir poussé un long soupir.
Je ne pus m’empêcher de pousser un ‘Quoi ?’ d’incompréhension mais, la sorcière m’avait déjà saisit la main gauche et refusait de la lâcher.
-Cesse de bouger veux-tu ! Je dois me concentrer… m’ordonna-t-elle
-Varsovie, lâche moi ! Rétorquais-je tout en me préparant à dégainer mon arme. Si tu tiens un temps soit peu à ta main, dis-moi ce que tu prépares !
Je cessai de bouger ma main et attendis une réponse de la femme mais, celle-ci ne me donna pas celle que j’aurais espérée.
-Je vais t’envoyer pendant un court instant dans ton futur…»
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Bonsoir,
Au bout d'une semaine, voici le premier chapitre
On commence en douceur pour le moment !
Bonne lecture ! (même si quand vous lirez ce commentaire, vous aurez déjà lu le chapitre, enfin normalement !)
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